Fiche de synthèse : Quelles espèces pour quels objectifs ?

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La multitude des espèces pouvant être  implantées en couvert peut rendre le choix complexe. Chacune d’entre elle a ses caractéristiques propres (résistance au gel, type de racine…). Les associer en mélange en multipliera les effets à condition de bien intégrer le  couvert végétal selon les objectifs recherchés, les contraintes de l’exploitation et le mode de destruction envisagé.
Les différentes familles des couverts végétaux
  • Les crucifères s’implantent facilement et piègent efficacement l’azote excédentaire dans le sol. Elles sont un refuge intéressant pour la faune locale. Elles sont déconseillées dans une rotation avec du colza ou du tournesol. Le radis, la navette ont, contrairement à la moutarde, un bon effet structurant sur le sol
  • Les graminées présentent un intérêt pour lutter contre l’érosion, les phénomènes de battance avec leur système racinaire fasciculé. Elles sont faciles d’implantation, permettent une valeur ajoutée pour les exploitations d’élevage en terme de fourrage et peuvent être produites à la ferme (avoine, orge, etc.)  Attention cependant au risque de parasitisme avant céréales avec l’avoine par exemple
  • Les légumineuses sont source d’azote pour la culture suivante. A cela se rajoute un intérêt mellifère pour le trèfle blanc et la vesce commune. La févérole est privilégiée pour son effet structurant du sol. Elles sont, a contrario, très lentes à s’installer et nécessitent d’être semées tôt. A cause des risques de maladies, elles doivent être évitées avant pois, soja, tournesol et colza
  • Les « autres » comme la phacélie le nyger, le tournesol, le sarrasin ont une croissance rapide, un effet de coupure dans les rotations (excepté pour le tournesol), et sont très bénéfiques au gibier et aux abeilles
Un couvert varié pour de multiples effets

Le mélange d’espèces dans un couvert végétal procure de nombreux avantages :

  • Cumuler les actions de chaque espèce : par exemple couvrir le sol avec une graminée, piéger les nitrates et être un refuge pour le petit gibier avec une crucifère, fournir de l’azote à la culture suivante avec une légumineuse et associer une phacélie pour son effet structurant et son intérêt mellifère.
  • Réduire le coût global des semences : permet d’accéder à des plantes avec un coût de semences plus élevé (phacélie par ex) en les diluant avec d’autres graines « fermières » ou meilleur marché
  • Assurer une bonne couverture quelles que soient les conditions : le mélange limite les risques vis-à-vis du climat et augmente les chances de réussite du couvert

Le choix des densités se raisonne en fonction de la proportion d’espèces et des objectifs visés.

On retiendra deux règles de calcul possibles :

Dose de semis d’une espèce :

Règle 1 : dose de semis de l’espèce en pur / nombre d’espèces dans le mélange

Règle 2 : dose de semis de l’espèce en pur * pourcentage voulu dans le mélange

A retenir : les espèces comme les crucifères qui démarrent fort doivent être légèrement sous-dosés au risque de concurrencer les autres espèces du mélange. A contrario, les légumineuses, qui se développent lentement, nécessitent que leur dose soit rehaussée.

Exemple :

Espèces

Dose kg/ha en pur

Règle 1 (kg/ha)

Règle 2(kg/ha)

Avoine

60

20

60* 30 % = 18

Vesce

40

13,3

40* 60 % = 24

Moutarde

7

2,3

7* 10 % = 0,7

 

Il n’existe pas de cocktail type mais de multiples possibilités à tester sur l’exploitation. Les proportions et associations sont fonction des effets recherchés du couvert.

Le document "caractéristiques des espèces"  vous aidera à concevoir votre mélange ainsi que l’outil Arvalis « choisir ses couverts ».

Un couvert adapté au contexte et à la conduite culturale de l’exploitation

Le choix des espèces est à raisonner selon la prise en compte : 

  • De la rotation et de la culture suivante. Il est par exemple déconseillé de semer des moutardes dès lors que du colza est présent dans la rotation et d’éviter les légumineuses si la culture suivante est une légumineuse (risque de maladie)
  • De la durée de l’interculture, courte ou longue
  • De la date des semis. Pour un semis derrière la batteuse, choisir des espèces sans risque de montée à graines en évitant par exemple le sarrasin, la moutarde, mais plutôt avec un cycle de développement long (légumineuses, avoine, etc.)
  • Des exigences réglementaires, spécifiques à chaque département (se rapprocher de sa Chambre d’agriculture ou de la DDT)
  • Du mode de destruction envisagé : les espèces gélives ont leur importance dans un système « semis direct ou sans labour » mais tout dépend de l’objectif recherché (cf. fiche "conservation des sols" dans la partie "sécuriser la conduite de l'exploitation). Le labour permet de détruire pratiquement toutes les espèces.